dix-huit mois de recherche-action au sein d’une résidence sociale, artistique et temporaire à Strasbourg

05 ¦ 2019
Médiations

Difficile de tout gérer

05 ¦ 2019 · Médiations Bifurcation vers la médiation sociale
En questionnement La question des priorités lorsque l'on veut être au plus près des résidents
Illustration Seb au milieu des travaux – Cuisine de l'Odylus, vendredi 31 mai 2019
Auteur·e·s Membres du collectif Horizome, en permanence architecturale à l'Odylus d’avril à juin 2019

Un chantier participatif, un carnet de route

↘  Durant la résidence pilote de Horizome, nous avons débuté un lourd travail de chantier afin de réhabiliter les espaces et tenter de reformer un « chez soi » avec un espace salon, salle à manger, cuisine, salle de projection, bibliothèque, etc. L'idée était de faciliter un lieu du commun au rez-de-chaussée.

Il s'agissait également de se rencontrer entre résident·e·s et équipes associatives, il nous a donc paru intéressant de tenir un carnet de route du chantier participatif pour permettre à chacun et chacune de partager des informations sur les avancées techniques, les rencontres et les liens entre les personnes, mais aussi pour se remémorer les premiers instants au sein de l'Odylus.  ↙

THÉMATIQUE #4 · DIFFICILE DE TOUT GÉRER

Travaux à l'Odylus ↘ Dans l’après-midi T. et A. (tous les deux sont super actifs mais plus T.) sont venus nous aider et passer du temps avec nous, mais comme Seb et Thomas faisaient le plafond c’était pas la meilleure idée et j’avais l’impression qu’ils les embêtaient un peu. Alors on a dessiné une affiche pour le pot d’accueil, mais ils paraient que les garçons n’aiment pas trop dessiner. Après leur mère est descendue et on a discuté un peu et elle m’a invité chez eux boire un petit thé. Comme souvent, T. et A. arrivent vers midi. L’après-midi est donc consacrée au logement. Nous nous lançons dans le ménage, la première couche de peinture, ainsi que quelques petits travaux (trous, plafond, plaque au mur...).

Je croise J. qui est motivé pour participer. Il ne travaille pas pour le moment et a donc du temps même en journée.
Petit cours de perceuse avec T. et A. Leur maman S. nous observe. Je demande à l’un des garçons de m’aider à traduire pour lui parler. En croisant également Nathalie de L’Étage, nous évoquons la question des cours de français. L’Étage n’a apparemment pas prévu d’en proposer à l’Odylus, mais après un comptage rapide, il semblerait qu’environ huit personnes pourraient déjà être intéressées. Grâce à la liste de contacts que j’ai commencé à écrire, je retrouve le numéro de J. et lui envoie un sms pour lui proposer une session travaux en fin d’après-midi. Nous nous attaquons alors au sas, où une porte arrachée a laissé les briques pierres apparentes. Je croise J. le matin et lui propose de continuer les travaux l’après-midi. On se retrouve un peu après 14h pour avancer dans le sas. Nous sommes malheureusement très vite arrêtés par le manque d’outils. Après avoir rangé, je fais encore une partie de baby-foot avec A. qui réclame, comme son frère, que je reste. Ils semblent s’ennuyer... Riad vient nous voir et nous dit : « Hé, vous ne savez pas la nouvelle ?! Le premier bébé de Sainte-Odile est né ce week-end ! » Effectivement, un couple de résident 45-50 ans qui sont arrivés sur le lieu il y a deux semaines, sont partis aux urgences, la dame se plaignant de maux de ventres, finalement ils seront rentrés quelques jours après avec un bébé sous le bras, quelles émotions !

L’Étage s’est vite arrangé pour acheter un lit, poussette et tout le matériel de base nécessaire à la vie d’un tout petit, Riad cherche dès maintenant un autre lieu pour les héberger, l’hébergement sur place n’étant pas configuré pour accueillir de si petits... Au bout de moment Thomas est parti pour faire une sieste dans le salon ce qui était très compliqué comme il y avait encore plus d’enfants et tout le monde se sentait obligé de l’embêter. Avec Laurine on a essayé de les calmer mais ils n’étaient pas très obéissants. Finalement, j’ai dû dire à R. qu’A. se comporte vraiment très mal et ne nous écoute pas du tout et fait exprès ce que l’on lui demande de ne pas faire.

M. était là tout là journée en train d’aider/embêter tout le monde, haha !

Zaï et Seb ont fait une réunion artistique avec quelques artistes qui nous ont rejoint.

Quand j’étais en train de partir les filles (les petites) m’ont demandé comment faire si tout le monde part et personne ne réveille T. J'ai dit que L., sa copine le fera, donc pas de raison de s’inquiéter. La petite était pas contente d’apprendre que T. avait une copine hahaha ! En même temps T. « draguait » Léa en lui disant qu’elle est sa préférée parce qu’elle est belle : voilà, voilà, il se passe des choses à Odylus ! K. ne va plus à l’école donc elle et sa petite sœur passent toute la journée avec nous. C’est un peu compliqué de travailler car elles ont envie de discuter, faire les trucs et attirer l’attention. J’essaie d’occuper K. en lui demandant d’écrire un petit texte facebook pour inviter les gens à la fête de la musique mais elle est vite distraite.

A. et T. passent leur pause de midi avec nous aussi et A. a très envie de voir Seb, donc je lui envoie un message. « Je sens que bientôt mon occupation principale à l’Odylus sera d’envoyer les messages à Thomas et Seb quand les enfants auront envie de les voir. » J. et R. passent aussi toute la journée avec nous, on se met dehors et on parle pas mal des résidents, comment ils se sentent à l’Odylus. En gros, tout le monde (en tout cas ce qu’on connait et ceux qui descendent régulièrement) s’entend bien. J. a dit que les parents de K. et les parents de T. sont très gentils et très cools. Ça fait un moment qu’on n’a pas rempli ce carnet. Les deux dernières semaines étaient bien chargées. Les résidents participent de plus en plus aux ateliers différents, mais ceux qui ont le plus de succès ce sont écriture/vidéo, lutherie sauvage et la cuisine. Les gens ont beaucoup de mal avec le chant. Mais sinon ça se passe plutôt bien, on travaille pas mal avec l’Étage, surtout avec Nathalie qui est très motivée. Vendredi dernier on a fait la réunion avec eux, où les deux équipes se sont présentées. C’était surtout pratique pour les stagiaires, on a discuté de la stratégie pour attirer plus de résidents au rez-de-chaussée, Nathalie a dit que la plupart d’eux ont eu une vie assez compliquée et ils se sentent hors société et ils ont peur qu’on les regarde autrement, pas comme tout le monde. Il y en a beaucoup qui ont envie de nous parler mais ils n’osent pas, donc il faut venir vers eux.  ↙